mardi 15 janvier 2008

Mon vécu

Date: fin des années 60
Lieu: Algerie profonde
Évènement : naissance d’un bébé aux OGE un peu spéciaux, mais apparemment pas au point de soulever un quelconque soupçon chez ces parents quand à son sexe d’assignation (=fille).Une fille qui a failli, selon les dire de sa mère, mourir dés les premières semaines de sa naissance suite à une grave déshydratation, et qui n’a vu son salut qu’à une médecine traditionnelle !

Suite des évènements :
Enfance heureuse, pas de problèmes majeurs apparents.
sauf que, en observant les organes génitaux des filles, je constatais que j’avais quelque chose de très diffèrent en moi que elles n’avaient pas et qui ressemblait bizarrement aux zizi des petits garçons mais de taille plus petite.
Ceci certes m’a beaucoup gêné, m’obligeant à agir en grande prudence dans toutes les situations qui risquaient de mettre à jour ce grand secret en moi. mais pour autant n'a pas gâché ma petite enfance. études primaires fructueuses, très aimée et chérie par ses différents maîtres et maîtresses d'école, plein d'amies et copines, jamais rejetée.
enfin, et même si j'étais issue d'une famille plutôt pauvre( pas trop comme même) mais dans un pays au régime socialiste et de surcroit pétrolier des années 70 et 80 ou tout ou presque était gratuit et subventionné( santé, école, matières de premières nécessité.....), on sentais vraiment pas ce poids de pauvreté et du besoin.
bon bref, pour conclure ce chapitre, je peut dire que j'avais une enfance heureuse,ou au pire normale.

Mes vrais problèmes n’ont commencés qu’avec le début de mon adolescence, et plus précisément de ma puberté.C’est alors, que mon corps commençait de se développer d’une façon assez étrange pour une personne assigné administrativement et socialement en tant que fille.
Absence de touts signes sexuels secondaires féminins (règles, seins)
Apparition d’une pilosité assez importante dans certains endroit de mon corps, notamment sur mon visage ( menton et lèvre supèrieure) mais pas au point d’appeler ça de l’hirsutisme.
Ma voix prenait l’aspect plus grave qu’aigue.
C’était en résumé mon coté viril ou masculin.
Mais toutefois, j’ai pus garder, peut-être sous l’influence héréditaire, d’un corps à silhouette plutôt féminine ( une taille de 1 m 66 , pour un poids qui dépasse rarement les 60 kg et sans une musculation apparente ).Mon autre signe de féminité, c’était mon visage, qui au-delà d’une certaine pilosité angoissante, gardait des traits plus féminins que masculins.
Ceci, m’a beaucoup aidé à verrouiller mon hermaphrodisme même aux personnes qui m’ait sont le plus proche.Sauf pour mes parents, qui tout en voyant mon développement pubertaire « anormal », croyaient, par ignorance surtout, que c’était un simple trouble hormonale, dont il faut traiter. Et sans vraiment me forcer, ils me demandaient périodiquement d’aller consulter.C’est ce que je refusais catégoriquement. Au début c’était essentiellement par timidité et par peur que mon secret ne sera divulgué publiquement, un vrai cauchemar pour moi.
Mais par la suite, c’est surtout, par une certaine conviction qui commençait a naitre en moi, de la nécessité de garder mon corps à son état original.
En résumé, Je m’aimais en corps d’hermaphrodite.

Ce choix, basé essentiellement sur cette peur qui était en moi de perdre une partie de moi même (masculinité ou féminité ), dont je regretterais ultérieurement, encouragé en cela par le faite que je n'étais pas vraiment fasciné ni par le monde des hommes ni par celui des femmes.
Je sais que c'était un choix utopique, contre nature, une idée folle, dont les conséquences peuvent être pour le moins trés difficile à gérer.
oui, j'ai réfléchi à tous cela. Et après de longues et profondes réflexions, et au delas de mes préférences, j'ai vu que quelque soit la décision que je prendrais de choisir l'un ou l'autre sexe, le résultat sera toujours le même.Donc, vaut mieux être moi-même tout simplement.
Alors, vers mes 18- 19 ans, j’ai pris ma décision finale de rester moi-même, et d’harmoniser mon corps avec mon genre.
Certs, pour le communs des mortels il fallait m’identifier, c’était fait.
Aidée par ma silhouette et faciès féminine, dont j’ai déjà parler, j’ai décidé de rester une fille, donc de correspondre mon identité sociale à l’identité administrative, sans pour autant faire intervenir aucun type de traitement sur mon corps, que ça soit hormonal ou chirurgical.Donc tout en me socialisant en fille, je gardais intact mon corps d'herma.
Pour les signes de virilités, ça ne me causait pas vraiment de grands problèmes en dehors de ma pilosité, surtout faciale, mais bon, étant une méditerranéenne, c’était presque normal qu’une femme ait des poils. De plus les techniques d’épilation traditionnelles non définitives existaient, et j’en avais qu’à m’en servir.

Un tel choix m’obligeait a faire plusieurs sacrifices lourds de conséquences, car, et il faut le dire, même si c’était un choix conforme à mes désires et préférences de garder intact mon corps avec toutes ses variantes masculines et féminines, et loin de toute « pollution » chirurgicale et hormonale, il n’en reste qu’il, le choix, était très incompatible avec ma personnalité timide, réservé, et mon milieu familial et social très enfermé et conservateur.
Ma personnalité et ce milieu m’ont empêchés de profiter de ce corps, dont je me voyais chanceuse de l’avoir.
et de coup, c'est à un mode de vie digne des moines bouddhistes que j'étais du m'y adapter.
Solitude presque totale où ma seule distraction si je pourrais l’appeler comme telle c’était mes études fructueuses, Bac en poche et début d’études universitaires dans une branche très convoité.
Et en dehors de ces moments d’études, ma vie était d’une monotonie indescriptible, pas d’ami(e)s, pas de sorties, pas………Mon seul sport favori c’était la méditation, oui, je méditais beaucoup, et ça me permettais non seulement de comprendre le monde qui m’entoure mais surtout de surclasser mes difficultés quotidiennes.
Mais ce qui m’agaçait le plus dans ce choix c’était ce devoir de jouer un rôle qui n’étais pas le mien, pour la seule obligation de répondre aux exigences d’une société binaire qui ne peut admettre l’existence d’autre choix que d’homme ou de femme.J’avais tout le temps cette impression d’être sur un théâtre entrain de jouer un rôle que je ne maîtrisais pas car tout simplement je n’aimais pas, rôle d’une fille, de surcroît dans une société machiste, qui devait se soumettre à certaines obligations sociétales révoltante pour moi car digne d’un autre temps.C’était une épreuve très dure, où, seuls les moments de solitude me faisaient éloigner de ces pressions et angoisses insoutenables, car se sont les seuls moments où je me sentais moi-même en paix avec mon corps et mon esprit.Mais, et malgré toutes ces contraintes et difficultés très pénibles a gérer au quotidien, j’ai pus poursuivre mon petit bout de chemin, jusqu’au jour où l'impensable s'est produit avec ses conséquences pour le moin désastreuse.

mais ça c'est une autre histoire!